bien plus qu'une histoire de sang ⸗ Nuit

Je m’étais levé de bon matin pour aller me dégourdir les pattes. Tout le monde dormait j’appréciais les quelques moments de quiétude que le matin pouvait m’offrir. Personne sur le dos, personne à m’embêter. J’étais seul, seul avec moi-même. Cela faisait du bien de pouvoir se recentrer ce qui est important, ce qui est cher à nos cœurs. Et pour moi, c’est ma famille, ma petite famille si atypique, notre famille à quatre. En pensant à elle, comme si le destin m’avait écouté, j’aperçus ma petite boule de poils courir après un papillon. Que faisait-elle si tôt ? les autres étaient-ils réveillés ? Non, beaucoup trop tôt. L’aube pointait à peine le bout de son nez, notre ami le soleil se lovait encore derrières les pics montagneux. Je rigolai dans ma moustache – très drôle n’est-ce pas - elle avait dû prendre ce trait de caractère de son bon vieux père. Être matinal est une qualité, le monde appartient à ce qui lève parait-il. Sur ses pensées je décidai de rejoindre ma petite boule de poils que j’observais les yeux emplis d’amour. Elle m’accueillit avec un papa enjoué. Mon cœur se serra. Je souris et répondit :

« Coucou ma puce ! Tu es bien matinale ce matin ! Tes mamans dorment-elles encore ? »

Ah oui, les mamans, la vraie famille de la petite Pluie… enfin j’étais aussi sa vraie famille, la petite boule de poils qui s’agitait devant moi n’aurait pas vu le jours sans mon intervention. Je continuai sur un ton joyeux :

« Tu jouais avec ton ami le papillon ? tu me le présenteras un jour ? »

Pluie se précipite entre mes grosses pattes noires. Je suis au début surpris, je ne penais pas qu’elle allait réagir comme ça en me voyant. Cela me flatte, mon cœur de papa poule se remplit de bonheur. Je laisse la petite se frotter contre moi jamais je ne repousserai ce trésor de la vie. Ah, que je suis un papa gâteau, fou de sa fille, de mon unique fille. Mon cœur se serre en pensant aux autres chatons, mais c’est du passé, je ne dois rien montrer devant mon petit ange. Je réponds :

« Quel beau prénom pour ce papillon ! cela fait longtemps que vous jouez ensemble ? Promis je serais aussi sage qu’une image, immobile comme un roc même ! J’ai hâte de rencontrer ton ami. »

Parfois je me demande si elle se souvient qu’elle n’était pas seule au début, au commencement de sa vie. Je n’ai jamais abordé la question avec elle et Espoir ne voudrait pas que j’en parle avec elle. Je ne suis pas vraiment son père, enfin si, biologiquement parlant je suis son père. Mais aux yeux des autres je ne suis que le géniteur, celui qui a planté la petite graine, je n’ai donc pas de légitimité en tant que figure familiale. Mais je n’ai jamais pu me résoudre à cela. C’est peut-être pour ça que lorsque Pluie m’appelle Papa cela me fait autant plaisir. Je regarde la petite boule de poils qui se trémousse et a soif d’aventure. Que faire ? Je ne sais pas si ses mères seraient d’accord que j’emmène notre prunelle hors du camps… Mais le renard est parti, nous ne craignons plus rien ? n’est-ce pas ? Ou suis-je trop naïf ?

« Oh Pluie, tes mamans ne seraient pas d’accord. Tu n’es encore qu’une toute petite chatonne. »

Et elle me fait son plus sourire. Un sourire à se damner. Un sourire qui enchante mon cœur de papa qui cède beaucoup trop facilement. Elle le sait. Elle sait que je vais dire oui. Alors dans un soupire je lâche :

« Bon, on peut aller chercher ton ami le Papillon mais on ne va pas trop loin d’accord ? et tu restes sage promis ? Sinon tes mamans risquent de me passer un sacré savon. »

Sur ces mots je lui lèche affectueusement le haut de sa petite tête et lui intime de suivre.