Vie d'un vieillard - RP VALIDATION

→ Le soleil venait de se lever timidement sur la Nature, l'éveillant calmement. On pouvait entendre les oiseaux commencer à piailler de désagrément car ils dormaient paisiblement. Quelques mammifères herbivores étaient sortis de leurs sommeils pour venir brouter, ou parfois même allaiter leurs petits nés durant la nuit. En effet, malgré que le Printemps ne soit là que depuis quelques jours, les pleines lunes avaient tendance à faire apparaître le nez de certains petits animaux. Bien sûr, ils avaient souffert de la fraîcheur hivernale encore présente, mais heureusement pour eux leurs mères étaient présentes pour les réconforter. Les prédateurs, quant à eux, sortaient difficilement de leur torpeur : en effet, n'ayant absolument rien à craindre, ils dormaient beaucoup plus paisiblement que leurs congénères. Certains s'étiraient pour mieux se réveiller, tandis que d'autres sortaient de leurs tanières pour aller chasser et donc approvisionner les membres de certains clans. La vie était faite ainsi. Certains tuaient, tandis que d'autres se faisaient manger.

→ Ses vibrisses bougeaient au gré des rêves qu'il pouvait faire, au gré du sommeil qu'il s'était laissé pendant qu'il attendait. En réalité, avec les années passantes, il s'est vite rendu compte que la faim disparaissait rapidement avec le sommeil, ainsi que la douleur ou tout simplement d'autres sentiments désagréables. Au début, lorsqu'il était jeune, il n'avait pas osé y croire : espérant que le sport, la marche, ou bien même l'activité en elle-même pouvait désengrener tout cela. Il n'aurait jamais imaginé à quel point la fatigue, la peur, la douleur, la souffrance ou la faim pouvaient-être si extrêmes lorsque la vieillesse était présente. Oh bien sûr, pendant plusieurs années, il avait tenté de le cacher en restant actif, en restant le chat qu'il avait toujours été : cependant, la vieillesse avait fait en sorte que son corps ne suivait plus, mais alors plus du tout.

Soudain, une ombre apparut dans le rêve qu'il était en train de faire : une ombre que le fit couiner sans qu'il ne s'en rende véritablement compte. Plus les années passaient, plus le chat dormait longtemps, mais surtout plus lourdement. Il avait de plus en plus de mal à se réveiller et c'est d'ailleurs cela qui lui faisait le plus peur : en effet, il s'imaginait souvent dormant tranquillement, ne se rendant pas compte que son coeur cessait de battre mais surtout que son corps ne veuille se réveiller. Il était parano ? Non, simplement réaliste. A cent dix lunes, il pouvait facilement mourir. Ce qu'il regrettait le plus : sans doute n'avoir aucunes portées. Il n'avait jamais réussi à trouver une chatte compatible, mais surtout au début il n'en voyait aucune utilité. Cependant, aujourd'hui, il se rendait compte que partir sans laisser d'héritage était son plus gros regret.

Rapidement, le chat ouvrit les yeux, tentant d'oublier complètement ce rêve, même si c'était très difficile. En effet, ce rêve représentait la vie qu'il avait toujours voulu avoir : il s'était vu tranquillement posé sur une roche, avec trois chatons tricolores jouant à côté de lui et une magnifique chatte écaille de tortue. Elle était tellement sublime. Oui, elle était la chatte dont il rêvait, celle qu'il regretterait toute sa vie même s'il ne la connaissait pas, même si elle n'existait pas. Mais brutalement, une ombre apparut dans ce rêve : un chat sans visage, sans nom et surtout sans odeurs particulières. Il était venu massacrer gratuitement toute sa famille, alors que lui il était attaché à la roche. Il n'avait rien pu faire. C'est pour cette raison qu'il s'était réveillé si soudainement, il voulait oublier tout cela, oublier la souffrance que son rêve lui avait provoqué.

Le chat noir et blanc se leva difficilement de sa couche, en poussant un petit soupir. Il en avait tellement marre de souffrir, tellement marre d'avoir mal tout le temps. Mon dieu, qu'est-ce qu'il ne ferait pas retourner en arrière, pour redevenir le valeureux guerrier qu'il avait toujours été, mais surtout le général ... Ce général que l'ancienne meneuse avait nommé. Il se souvenait parfaitement de la chaleur dans son bas ventre que cette annonce lui avait provoqué. Oui, c'était l'unique fois où il avait été réellement fier de lui. Son regard se posa sur le chat noir qui venait d'entrer dans la tanière des Anciens : il le connaissait parfaitement. C'était le guérisseur du camp. Ce fameux guérisseur qui n'arrêtait pas de le suivre, mais surtout qui ne cessait de vouloir lui rendre service. D'un côté, ça l'emmerdait et finalement, il était heureux qu'il soit là : car grâce à lui, il était encore en vie.

" Partout, j'ai absolument mal partout. Mes pattes ont du mal à se déplier, mon coeur me lance, ma vision se brouille ... Enfin ça c'est le matin, après ça va mieux. Mais par contre, le soir, j'ai l'impression que mon corps me lâche, comme si j'avais fait un raid de plusieurs mois. " A quoi bon être menteur face à ce chat ? De toute façon, il finissait par tout connaître. D'ailleurs, il l'admirait vraiment. Comment faisait-il pour pouvoir déceler autant de mensonges ? Comment faisait-il pour être aussi doué ? Vraiment, il ne comprenait pas. Mais c'était superbe. Il ne le lui dira jamais : puisqu'il détestait faire des compliments gratuitement. Ca ne servait à rien de flatter l'ego de quelqu'un ... Mise à part le rendre plus égocentrique qu'il ne l'est déjà.

Lorsque le guérisseur lui indiqua qu'il lui avait emmené à manger, alors sans hésiter une seule seconde, il descendit de sa couche. Le bicolore avait réellement faim mais il n'osait encore le dire. Alors, il s'approcha de la nourriture et commença à se repaître tranquillement, rassuré inconsciemment par la présence du plus jeune.